Cet ouvrage révèle comment le handicap et l'invalidité ont façonné la vie sociale des Noirs aux États-Unis. Par la loi et les coutumes, la distinction raciale a présenté les Noirs comme des personnes intrinsèquement handicapées, donc inaptes à la liberté, incapables de s'autogouverner et contagieuses au sein du corps politique national. « Disabilities of the Color Line » soutient que la tradition littéraire noire a historiquement inversé cette représentation en exposant l'invalidité causée par le racisme sans pour autant nier le handicap. Au lieu d'un récit triomphaliste du dépassement où le handicap et l'invalidité sont tous deux rejetés, Dennis Tyler soutient que les auteurs et militants noirs ont constamment avoué ce qu'il appelle les « handicaps de la distinction raciale » : les systèmes de division anti-noirs historiques et actuels qui mutilent, paralysent et stigmatisent les Noirs. Ce faisant, Tyler révèle comment des écrivains et militants noirs tels que David Walker, Henry Box Brown, William et Ellen Craft, Charles Chesnutt, James Weldon Johnson et Mamie TillMobley se sont engagés dans une politique et une esthétique de résistance fondées sur la réparation. Dans leur quête de justice raciale et pour le handicap, ils ont reconnu la violence invalidante perpétrée par les régimes anti-noirs afin de concevoir ou d'engendrer de nouveaux mondes dynamiques qui tiennent compte des personnes de toutes capacités. Si certains écrivains ont affirmé le handicap pour saisir comment leur corps, leur esprit et leur santé ont été rendus vulnérables aux préjudices et aux déficiences par l'État et ses citoyens, d'autres, en affirmant le handicap, symbolisent un sentiment d'appartenance à la communauté ainsi qu'une volonté d'imaginer et de créer un monde distinct de l'ordre social dominant.